Elior Derichebourg – Grenoble : troisième semaine de grève13/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Elior Derichebourg – Grenoble : troisième semaine de grève

« On jongle parfois avec trois patrons pour essayer de cumuler les heures, d’avoir un smic, vous imaginez ça ? Qui peut supporter ça ? Psychologiquement on est solide, physiquement on est sur les rotules mais on est debout ! » C’est ainsi que Mounia, femme de ménage, répondait à un journaliste.

En grève totale depuis plus de deux semaines, les femmes de ménage – et quelques hommes – sont très en colère contre leur patron, le groupe Elior-­Derichebourg et contre l’État complice qui sous-traite le nettoyage des locaux des administrations grenobloises (Finances, inspection du travail, DDT, tribunal administratif et préfecture). En effet, douze femmes de plus de 55 ans ont reçu des lettres leur donnant ordre de changer de lieu de travail, sans aucune discussion préalable et dans un délai d’une semaine, pour aller travailler au CHU, en Ehpad ou ailleurs.

Ces changements vers des métiers différents du nettoyage de bureau leur sont imposés sans tenir compte de leur âge. Ils occasionneraient un allongement du temps de transports et des changements d’horaires. Ils se répercuteront aussi sur leurs collègues de travail qui devront les remplacer sur les sites, et supprimeraient presque 50 % de l’effectif. Pour les grévistes, il n’en est pas question : « On ne nous a fait aucun cadeau, pendant le Covid, on a pris tous les risques, même pas une prime, un merci, alors des cadeaux, nous non plus, on n’en fera pas », a résumé l’une d’elles.

Elior, repris en main depuis peu par Derichebourg, prétend perdre de l’argent sur ces chantiers et affirme se heurter à un refus de l’État de réviser les prix du marché. En réalité, les deux sont complices et bien d’accord pour demander aux travailleurs de se sacrifier.

Le 8 mars, jour de lutte pour le droit des femmes, les grévistes ont reçu le soutien de la députée Rachel Keke. L’ancienne femme de ménage, qui a mené une longue grève dans un hôtel Ibis, est venue manifester à leurs côtés à Grenoble. Face aux médias, la trentaine de grévistes en cortège dynamique, femmes et hommes, ont pu exprimer leur rage et leur détermination.

Lundi 11 mars, la grève qui entrait dans sa troisième semaine était totale et regroupait tous les travailleurs du ménage des sites concernés, très soudés, y compris les chefs d’équipe. Un comité de grève a été élu, composé de l’ensemble des grévistes et soutenu par les syndicats des administrations et le syndicat CGT du nettoyage.

La direction refuse de discuter avec les grévistes de Grenoble mais a fait un simulacre de proposition aux représentants syndicaux centraux. Tous ont reçu le message qu’aucun accord ne pourrait se faire sans validation du comité de grève de Grenoble et des grévistes. Seul un protocole de fin de conflit, validé par les grévistes, sera accepté pour une éventuelle reprise du travail. En attendant, comme l’a dit Fatima, une gréviste dont France 3 a fait le portrait dans un reportage sonnant juste : « On n’arrêtera pas, on ne lâchera pas ».

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