Enseignement : la grève en Seine-Saint-Denis13/03/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/03/P7_AG_Aulnay-Sevran_jeudi_7_mars_vote_a_lunanimite_de_la_poursuite_du_mouvement_-_greve_fevrier-mars_2024_C_LO.jpg.420x236_q85_box-3%2C0%2C797%2C447_crop_detail.jpg

Leur société

Enseignement : la grève en Seine-Saint-Denis

Depuis le 26 février, en Seine-Saint-Denis, des établissements, principalement des collèges, se sont lancés dans une mobilisation, des journées de grèves, avec des taux de participation avoisinant les 75 % à 80 %.

Illustration - la grève en Seine-Saint-Denis

La colère vient avant tout du manque de moyens dans l’enseignement et du délabrement de l’éducation constaté année après année. L’annonce d’une nouvelle réforme dans les collèges a aussi attisé le mécontentement. Elle prévoit la création de groupes de niveaux en français et en mathématiques pour les élèves de 6e et de 5e, le tout sans augmentation de moyens, sans professeurs en plus. Des suppressions de postes sont même prévues pour l’an prochain. Cela revient donc à regrouper les bons élèves et à parquer les mauvais, un tri social supplémentaire qui exaspère à juste titre les enseignants et les parents.

Le personnel et les élèves rivalisent d’inventivité pour populariser la grève : des élèves et des professeurs du lycée Blaise-Cendrars à Sevran ont filmé une vidéo qui montre l’état de délabrement de leur lycée. Les enseignants ont réalisé une exposition photos devant le siège de la région et ont décerné des prix de vétusté : le premier a été gagné par le collège Simone-Weil à Aulnay-sous-Bois, dont les toilettes fendues en deux ont emporté tous les suffrages.

Dans la plupart des villes où les enseignants sont mobilisés des réunions ont été organisées avec les parents. Ils étaient plus de 200 à Sevran, à Aulnay ou à Bagnolet. Les contacts établis sont chaleureux et enthousiastes. Dans plusieurs villes, des manifestations ont aussi été organisées conjointement par les enseignants et les parents.

Jeudi 7 mars, l’intersyndicale à l’initiative de cette mobilisation a appelé à une manifestation à Paris. Plusieurs milliers de personnes ont défilé jusqu’au ministère. Le mot d’ordre était « un plan d’urgence pour le 93 ». Ce département est en effet un des moins dotés de métropole, mais dans tous les quartiers populaires du pays, il manque d’enseignants, de surveillants, de médecins, d’infirmières scolaires, d’assistantes sociales, d’AESH pour aider les élèves handicapés. Alors le choix de l’intersyndicale de limiter le mouvement à la Seine Saint-Denis est réducteur, faussement tactique. En chiffrant à 5 000 le nombre de postes manquants sur ce département populaire et à 358 millions d’euros le budget nécessaire, elle veut peut-être faire croire qu’il serait plus facile de gagner à cette échelle qu’à l’échelle nationale. Mais ce calcul est loin des intérêts réels des élèves.

La politique des différents ministres qui a consisté à faire des économies sur l’éducation pour orienter l’argent vers le patronat ne s’est pas limitée à ce département. Quand le ministère fait des coupes claires dans le budget, il le fait pour tout le pays. Il s’agit même d’un choix politique fondamental qui est d’économiser sur tous les budgets utiles à la population pour garnir les coffres des capitalistes par le biais des cadeaux ou des commandes publiques, comme celles d’armements avec les conséquences qui en découlent. Alors contrer cette politique nécessite au contraire de dire combien tout le monde est concerné et pourquoi la mobilisation devrait s’étendre au maximum.

Jeudi 7 mars à Paris, une assemblée générale de 450 enseignants et élèves a proposé de faire des 14, 15 et 16 mars des journées de mobilisation. C’est un début et le mouvement doit continuer en s’étendant à toute l’éducation.

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