Gaza : Biden critique Netanyahou… et le laisse continuer la guerre13/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaza : Biden critique Netanyahou… et le laisse continuer la guerre

Après cinq mois de guerre, les quelque deux millions d’habitants de Gaza continuent de subir les bombardements israéliens, condamnés à vivre dans des conditions effroyables, manquant de nourriture, de médicaments et d’eau potable.

D’après le bilan publié le 11 mars par le ministère de la Santé de Gaza, plus de 31 000 Palestiniens ont trouvé la mort, et plus de 72 000 ont été blessés depuis le 7 octobre. Devant l’émotion soulevée dans une partie de l’opinion publique américaine, Biden, en campagne pour sa réélection, avait fait mine d’exiger un cessez-le-feu pour le début du ramadan, le 11 mars. Mais les dirigeants américains n’ont jamais envisagé de mettre fin à leur soutien militaire et logistique à l’État israélien. Ils se refusent à affaiblir leur meilleur allié dans la région, considéré comme le plus sûr et indéfectible gendarme de l’ordre impérialiste.

Face aux pressions purement verbales de Biden, le Premier ministre israélien Netanyahou s’est refusé à conclure la moindre trêve. Au contraire, reprenant totalement les discours de l’extrême droite israélienne, il répète à chaque occasion qu’il mènera la guerre sans répit « jusqu’à la victoire totale ». « Encore quelques semaines », vient-il d’affirmer. Cela signifie encore des milliers de morts du côté des Palestiniens, victimes des bombes israéliennes et de la famine !

Pour ne pas avoir l’air de rester insensibles à la souffrance des Palestiniens, plusieurs pays arabes et occidentaux, parmi lesquels la France et les États-Unis, ont continué de procéder à des largages de nourriture et d’aide médicale sur le territoire palestinien. De telles opérations, dérisoires face aux besoins des Palestiniens, sont mêmes dangereuses : vendredi 8 mars, la chute de plusieurs colis largués par des avions a fait cinq morts et 10 blessés dans le camp de réfugiés d’al-Chati, à l’ouest de la ville de Gaza.

Biden, quant à lui, a donné l’ordre à l’armée américaine de construire un port sur les côtes de Gaza pour y acheminer l’aide humanitaire. Les autorités israéliennes ont donné leur accord d’autant plus facilement qu’il faudra au moins deux mois pour qu’un tel projet puisse aboutir. Elles ont aussi accepté l’ouverture d’un corridor maritime entre Chypre et Gaza, tout en ajoutant qu’elles vérifieront tous les chargements, ce qui signifie qu’ils seront quasiment bloqués. En effet, du fait des contrôles tatillons imposés aux points de passage de Rafah, à la frontière égyptienne, et de Kerem Shalom, à la frontière israélienne, des centaines de camions attendent des semaines avant d’être inspectés. Les ONG doivent fournir une liste précise du chargement qu’elles souhaitent faire entrer et si un produit ne répond pas aux critères, tout le chargement est rejeté.

Selon les derniers chiffres arrêtés au 6 mars de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, un peu plus de 14 400 camions ont pu pénétrer dans le territoire palestinien par ces deux passages depuis le 21 octobre. Soit une moyenne de 105 par jour, très éloignée des 500 camions qui entraient en moyenne quotidiennement dans Gaza avant la guerre.

Toute l’agitation diplomatique déployée autour d’une dérisoire action humanitaire sert en fait surtout à masquer le fait que les dirigeants occidentaux, en premier lieu ceux des États-Unis, laissent les mains libres au gouvernement israélien, lui permettant de continuer à massacrer et à affamer les Palestiniens de Gaza. Biden, Macron et leurs semblables se soucient de leur image auprès de leur opinion publique. Mais ils craignent surtout les réactions des Palestiniens, et plus largement la révolte légitime des populations dans les pays arabes et ailleurs face à la barbarie dont font preuve les dirigeants israéliens.

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