Sciences Po : silence dans les rangs20/03/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/03/2903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sciences Po : silence dans les rangs

L’organisation d’une réunion de soutien au peuple palestinien par un groupe d’étudiants de Sciences Po, grande école parisienne, a fourni un nouveau prétexte à Macron et ses ministres pour faire un amalgame entre la solidarité envers les Palestiniens et l’antisémitisme.

Un événement au départ minime a été monté en épingle et a donné lieu à une série de déformations et même de véritables mensonges. Le comité Palestine n’ayant pas obtenu de salle pour se réunir, il s’est installé, mardi 5 mars, dans un amphithéâtre : cela a été rebaptisé « occupation » par la direction de l’école et les médias. Une étudiante membre de l’Union des étudiants juifs de France a été bloquée à l’entrée, parce que les participants craignaient qu’elle ne diffuse des images sur les réseaux sociaux, comme elle l’avait déjà fait auparavant : c’est devenu une agression antisémite, alors que l’étudiante elle-même a finalement admis avoir pu rentrer dans la salle et reconnu qu’elle n’avait pas entendu d’insultes à son égard.

Une manifestation de protestation, organisée le jeudi 7 mars, a été interdite, l’école fermée et les rues bloquées par une armada de CRS et policiers. L’affaire a entraîné un déversement d’insultes contre les étudiants de Sciences Po, désignés comme « islamogauchistes » et « wokistes » par les médias, qui ont fait le siège de l’école pendant plusieurs jours. Attal y est allé de sa leçon de morale, déclarant que « le poisson pourrit par la tête », et Macron a dénoncé comme « inqualifiables et parfaitement intolérables » des propos… qui n’ont jamais été tenus.

En calomniant des étudiants révoltés par les bombardements israéliens, le gouvernement veut en réalité faire taire ceux qui contestent son soutien au massacre en cours à Gaza. Il adresse aussi un message à ces jeunes censés devenir des cadres de la société bourgeoise, Attal et Macron étant d’ailleurs eux-mêmes d’anciens élèves de Sciences Po : restez dans le rang ! Dans l’école, cet épisode a d’ailleurs conforté les étudiants les plus réactionnaires, qui se sentent plus libres d’afficher publiquement leurs idées. Mais elle a aussi entraîné des discussions parmi ceux qui ont été choqués de voir ces mensonges étalés à la une des journaux.

Cette affaire montre en tout cas clairement, s’il en était besoin, que, dans la bouche de Macron et consorts, « démocratie » et « liberté d’expression » signifient « garde à vous, et tous derrière nous ! ».

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