La chasse aux pauvres17/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2907-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

La chasse aux pauvres

Mercredi 17 avril, l’évacuation par la police des 300 sans-abri du squat de Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne a commencé.

Le site, d’anciens bureaux inutilisés, a compté jusqu’à 450 personnes, dont de nombreux travailleurs et des enfants scolarisés. Beaucoup avaient déjà été chassés d’une ancienne cimenterie de l’Île-Saint-Denis, elle aussi transformée en bureaux puis abandonnée, toute proche du Village olympique.

Cette infamie est la suite des expulsions qui se sont multipliées à l’approche des Jeux Olympiques, comme le dénoncent les 80 associations du collectif Le revers de la médaille. Chaque semaine, en région parisienne, un camp ou un squat collectif est démantelé par la police.

Le gouvernement avait mis en place en 2021 un système visant à disperser sur le territoire les demandeurs d’asile sans domicile. Celui-ci a ensuite été élargi à l’ensemble des SDF avec l’ouverture de dix centres temporaires – les « sas » – en mai 2023, sous prétexte qu’il n’y aurait pas assez de place dans les hôtels pour les héberger durant la coupe du monde de rugby et les JO.

Il est probable que des hôteliers habitués à faire leur chiffre grâce aux dispositifs d’hébergement d’urgence espèrent multiplier leurs gains avec l’afflux de touristes… Mais ce prétexte sordide est de toute façon largement mensonger. Bien peu de SDF ont été hébergés dans des hôtels.

Les membres du collectif soulignent que de moins en moins de personnes concernées acceptent de monter dans les cars en direction des « sas » de province. Celles qui refusent sont renvoyées directement à la rue, et les autres se retrouvent hébergées pendant une ou deux semaines, avant bien souvent de se retrouver sans autre choix que de revenir vers la capitale. En effet, aucun suivi de long terme n’est prévu, le Samu social est saturé partout et les personnes expulsées se retrouvent encore plus isolées qu’en région parisienne.

Comme tous les États ayant organisé ce genre d’évènements sportifs avant lui, l’État français chasse les pauvres pour faire place nette à l’approche des Jeux Olympiques.

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