Économie de guerre : plus de bombes, moins d’hôpitaux17/04/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/04/P5-1_Suffisait_d_y_penser_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Économie de guerre : plus de bombes, moins d’hôpitaux

En inaugurant l’extension d’une usine de poudre à Bergerac, Macron, flanqué du ministre des Armées et de celui de l’Économie, a vanté la mise en place d’une « économie de guerre », qu’il annonce durable car « la guerre est une réalité dans laquelle nous allons vivre durablement ».

Illustration - plus de bombes, moins d’hôpitaux

La situation au Moyen-Orient, la guerre qui fait rage en Ukraine ou les tensions en mer de Chine dopent un marché de l’armement déjà florissant. Parmi bien d’autres matériels, l’armée française a livré à l’Ukraine, qui devra tôt ou tard les rembourser, une trentaine de canons Caesar à 3 ou 4 millions d’euros pièce et des dizaines de milliers d’obus de 155 mm.

Pour remplacer ces canons et fournir des obus, les industriels qui interviennent dans leur construction sont encouragés, avec l’aide sonnante et trébuchante de l’État, à doubler les capacités de production et à raccourcir les délais. Ainsi, à Bergerac, l’État a dépensé 60 millions d’euros pour porter la production à 1 200 tonnes de poudre par an.

Le même jour, Macron s’est vanté d’avoir porté les commandes militaires de 15 milliards d’euros par an sous son premier quinquennat, à 20 milliards sous le deuxième. Il a assuré que la loi de programmation militaire, en hausse de 100 milliards d’euros, serait sanctuarisée, échappant aux coupes budgétaires que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, veut imposer au pays.

Cette annonce-là n’est pas une promesse de campagne. Fin mars, Stéphane Lecornu, ministre des Armées, a révélé que le montant total des matériels militaires, avions, navires, missiles, drones, en cours de commande chez Thales, Airbus, Dassault et Cie s’élevait à 34 milliards d’euros, soit le coût de construction de cent hôpitaux.

La mise en chantier d’un porte-avions de nouvelle génération, le PANG, prévue pour début 2026 et dont le coût initial est estimé à 10 milliards d’euros, aiguise les appétits. Naval Group, qui prévoit dix millions d’heures de travail et quinze ans d’activités pour le construire, vient d’annoncer un investissement de 100 millions d’euros pour adapter son outil de production. Des centaines d’entreprises, des chantiers navals aux électroniciens en passant par une multitude d’équipementiers, vont gonfler leurs profits avec cette construction.

Depuis janvier, les deux frégates françaises qui se relaient en mer Rouge, pour jouer les shérifs de la mer face aux rebelles Houthis, ont tiré 22 missiles Aster, chacun coûtant près d’un million d’euros, pour détruire des drones à 20 000 euros. Pour les remplacer, le ministère des Armées vient de commander 200 missiles au groupe MBDA, pour la bagatelle d’un milliard d’euros.

Ainsi, sans même que la France soit officiellement en guerre, les profiteurs de guerre s’enrichissent. Les classes populaires paient la mise en place de l’économie de guerre : les écoles, les hôpitaux et les transports publics sont laissés à l’abandon, pour construire des engins de mort sans la moindre utilité sociale.

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