Étudiants de Sciences Po : la contestation continue08/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2910-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Étudiants de Sciences Po : la contestation continue

Dans certaines universités, des groupes d’étudiants protestent, à juste titre, contre le massacre à Gaza.

À Sciences Po Paris, après les interventions policières de la semaine précédente pour évacuer des étudiants qui voulaient occuper l’école en soutien aux Palestiniens, la direction a organisé un « townhall », un prétendu grand débat, pour essayer d’en finir avec la mobilisation. Cela n’a pas réussi.

En guise de grand débat, il s’agissait d’une mise en scène. Le nombre de places était limité, et il fallait réserver à l’avance. La direction a parlé la plus grande partie du temps, les associations étudiantes ont eu quelques minutes chacune, et il restait vingt minutes aux autres étudiants pour poser des questions. Cela a surtout permis à la direction de se féliciter dans la presse de son ouverture.

Le collectif Palestine qui dirige la mobilisation a comme revendication que Sciences Po rompe ses accords avec les universités israéliennes. Cette revendication est certes limitée face au massacre en cours, et peut sembler assimiler la population israélienne et les étudiants israéliens à leur État. Mais lorsque la direction de Sciences Po répond qu’elle ne veut pas rompre ces liens universitaires, qui seraient « le dernier pont à couper » lors de conflits, c’est parfaitement hypocrite. En effet, trois semaines après le déclenchement de la guerre en Ukraine, elle avait, comme toutes les universités françaises, rompu tous les liens avec les universités russes. La réalité, plus terre-à-terre, est que la ministre de l’Enseignement supérieur avait donné comme consigne aux présidents d’universités, le matin même du fameux débat, de « ne pas céder » sur ces revendications. Les liens internationaux des universités françaises apparaissent pour ce qu’ils sont : alignés sur les intérêts de l’État français.

Voilà pourquoi, lorsqu’on est révolté par le massacre à Gaza, ce n’est pas seulement la direction des universités, mais surtout la responsabilité de l’État impérialiste français dans la guerre et son soutien indéfectible à l’État israélien qu’il faut dénoncer.

Le simulacre de « grand débat » a écœuré jusqu’à ceux qui en espéraient quelque chose. Une centaine d’étudiants ont décidé de rester à Sciences Po et y ont passé la nuit, avant que la faculté soit fermée et qu’ils soient évacués par la police le lendemain.

Le gouvernement prétend qu’il veut éviter les blocages des lieux d’études, mais c’est lui qui donne comme consigne à Sciences Po et ailleurs de fermer les facultés à la moindre protestation, quand ce n’est pas la police qui boucle des quartiers entiers.

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