Macron à la poudrerie : les emplois de demain et les morts d’après-demain17/04/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/04/P5_Macron_bombes_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C168%2C450%2C421_crop_detail.jpg

Leur société

Macron à la poudrerie : les emplois de demain et les morts d’après-demain

Macron s’est rendu jeudi 11 avril sur le site d’Eurenco à Bergerac, en Dordogne, où depuis deux ans les lignes tournent à plein régime pour fabriquer des propulseurs d’obus de 155 mm principalement destinés au front ukrainien.

Illustration - les emplois de demain et les morts d’après-demain

Dans cette ancienne poudrerie qui s’étale sur plus de 100 hectares à la sortie de la ville, une bonne partie des activités étaient arrêtées depuis le début des années 2000. Avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, de nouvelles lignes ont été aménagées, pour fabriquer des charges modulaires propulsant les obus pour les canons Caesar. Une centaine d’intérimaires ont depuis été recrutés. Le travail se fait désormais en équipe, sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Les cadences augmentent et les chefs insistent depuis quelque temps déjà sur l’économie de guerre pour « produire plus et plus vite ». Les risques d’accidents sont réels : il y a deux ans, lors d’une opération de maintenance, une explosion a fait huit blessés, dont un grave.

Macron a fait le déplacement pour inaugurer de nouveaux bâtiments qui abriteront une usine de fabrication de poudre à explosif. Il a ainsi pu claironner sur la relocalisation de la fabrication de poudre, qui se traduirait par « davantage de richesse », de « souveraineté industrielle » et la création d’une centaine d’emplois. Et tous les notables et responsables politiques locaux qui l’accompagnaient, du PS au RN, y sont allés de leur couplet sur la « grande opportunité pour le bassin de l’emploi du Bergeracois ».

La visite de Macron avait tout d’une mise en scène méticuleusement relayée par les médias. Mais une bonne partie de la ville était bouclée pour éviter tout contact avec la population et, petit bémol, quand il s’est adressé à une trentaine de jeunes lycéens et apprentis pour demander qui serait intéressé par un futur travail dans la poudrerie, une seule main s’est levée.

Dans la délégation, les ministres de l’Économie et des Armées étaient de la partie, tout comme les plus grands patrons de l’armement, les PDG de Thales, Dassault, MBDA, Naval Group. Ceux-là peuvent se frotter les mains, avec toutes les commandes et subventions qui pleuvent sur le secteur.

Mais, pour les soldats et les civils qui tomberont sous les obus fabriqués à Bergerac, les ouvriers qui s’échinent en 3x8 ou les habitants qui craignent de voir exploser les tonnes de poudre fabriquées et stockées à quelques centaines de mètres de chez eux, toute cette mise en scène ressemble à une comédie macabre.

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