Renault – Flins : fin de la Zoe, rien à fêter03/04/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/04/cover-r4x3w1200-578d4edd563d8-renault-zoe-assemblage-a-flins-2013.jpg.420x236_q85_box-0%2C113%2C1200%2C788_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Flins : fin de la Zoe, rien à fêter

Vendredi 29 mars, une Zoe a été la dernière voiture sortie des chaînes de montage de l’usine Renault de Flins avant leur arrêt. La direction en a fait, discrètement, une journée-date. Pour les 2 200 travailleurs qui valident encore leur carte d’usine chaque jour, il n’y avait rien à fêter.

Illustration - fin de la Zoe, rien à fêter

La Zoe était la dernière d’une longue série de voitures fabriquées dans l’usine de Flins, après la Clio et la Nissan Micra. La Zoe a représenté une incursion de Renault dans le domaine de la voiture électrique. Fabriquée et commercialisée onze années durant, elle n’a connu lors de la dernière année de fabrication que moins de 6 000 mises en circulation. Renault d’ailleurs la remplace par une version électrique de la R5, qui sera fabriquée à l’usine de Douai.

L’usine de Flins, qui s’étend sur 230 hectares dans les Yvelines, est devenue, de filialisation en restructuration des activités, un ensemble hétéroclite où plus de deux mille travailleuses et travailleurs continuent de fabriquer en tout cas du profit pour Renault. Dans l’atelier d’emboutissage, de grosses presses produisent des éléments de carrosserie pour d’autres usines du groupe, à Batilly, à Sandouville, voire pour d’autres constructeurs. Au magasin de pièces de rechange, plusieurs centaines de salariés stockent, classent, transportent. Le recyclage de voitures, de moteurs et de batteries a déjà pris place à la VO Factory et à BodyWork, ce que la direction appelle d’un terme à la mode, « économie circulaire ». Des activités annexes, souvent filialisées, comme la motorisation à l’hydrogène, ont lieu dans d’autres secteurs de l’usine.

Mais, au-delà des promesses lénifiantes distillées depuis 2020 par les patrons, derrière les chiffres d’effectifs clinquants annoncés pour tenter d’endormir la légitime inquiétude, la réalité est brutale. Avant même le démantèlement des secteurs du Montage et de la Peinture, deux mille emplois avaient déjà été gommés, traduits en licenciements pour les intérimaires. Quant aux travailleurs qui restent, ils doivent depuis la fin de la Zoe se débrouiller par leurs propres moyens pour venir à l’usine, la direction ayant décidé de faire l’économie des transports collectifs en bus. Malgré leur mécontentement, cela ne les a guère surpris : on leur a déjà supprimé le service médical, les distributeurs de sandwiches et boissons, parfois même les douches ; la cantine n’est qu’un lointain souvenir que les anciens racontent à la veillée.

En avril 2024, même si leur nombre est loin des 21 000 de l’époque de la R16, les travailleuses et les travailleurs de Renault sont là et bien là. Si les patrons maintiennent l’activité à Flins, chacun sait que ce n’est pas par bonté d’âme, mais parce que cela leur rapporte. Ceux sans lesquels rien ne se fait, et encore moins les profits, n’ont pas forcément dit leur dernier mot.

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