Salaires : il faut de quoi vivre !03/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2905-c.jpg.445x577_q85_box-2%2C0%2C713%2C922_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Salaires : il faut de quoi vivre !

Le haut conseil des Rémunérations installé le 28 mars par la ministre du Travail est censé résoudre la quadrature du cercle : augmenter les salaires… sans que cela coûte un sou au patronat.

La question des salaires, le fait que des millions de familles n’arrivent pas à finir le mois, devient en effet tellement prégnante que même un Macron ou un Attal doivent faire mine de s’y intéresser. Constatant que 17 % des salariés du privé sont payés au smic aujourd’hui, contre 12 % il y a trois ans, et que nombre d’entre eux sont, leur vie durant, condamnés au salaire minimum, Attal se fait fort de « désmicardiser » le pays. Il propose pour cela de réduire encore les cotisations dues par les employeurs.

Il y a aujourd’hui plus de trois millions de travailleurs payés au smic, 1 398,69 euros net, pour un temps plein de 35 heures, ce qui est bien loin du nécessaire, vu la hausse des prix, le manque de logements, l’obligation de se déplacer, etc. Les salaires inférieurs à 1,6 fois le smic sont exonérés de cotisations sociales. Si celles-ci étaient, comme le prétend Attal, un frein à la générosité patronale, qu’est-ce qui empêcherait les employeurs de payer un salaire équivalent à 1,5 smic, 2 100 euros, sans cotisation patronale ? La réponse est dans la question, ou plutôt dans l’avidité du patronat. En fait, la baisse des salaires réels est un résultat de la pression des employeurs.

Dans ce qui est en fait la lutte de classe menée par le patronat, les gouvernements se sont toujours tenus de ce côté, ne serait-ce que par les multiples exonérations de cotisations. Elles constituent un cadeau de 72 milliards d’euros par an au patronat, d’après les chiffres de l’Urssaf. L’État va jusqu’à payer un complément à la place des employeurs, puisque la prime d’activité, versée aux familles qui ne peuvent vivre avec un salaire de misère, revient à dédouaner les patrons.

Les porte-parole du grand patronat ont successivement prétendu que la liberté de licencier permet le plein emploi, que repousser l’âge de la retraite permet d’offrir du travail à la jeunesse et qu’affamer les chômeurs permet aux autres de mieux manger. Attal va-t-il, pour « désmicardiser » le pays, supprimer le salaire minimum et prétendre que cela permettra d’augmenter les rémunérations ?

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