Smart – Hambach : comment Mercedes s’est enrichi10/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2906-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Smart – Hambach : comment Mercedes s’est enrichi

La dernière Smart est sortie des chaînes de production de l’usine de Hambach en Moselle le 28 mars. À la place est fabriqué un gros 4X4 thermique, (6 cylindres essence et diesel)… et en avant vers la transition énergétique ! L’histoire de la Smart est tout un résumé de la façon dont les entreprises capitalistes s’enrichissent sur le dos de la collectivité, tout en exploitant les salariés.

À la fin des années 1980, les collectivités locales ont aménagé une immense zone industrielle pour la bagatelle de 120 millions de francs. En 1994, Mercedes jeta son dévolu sur ce terrain pour construire l’usine de la Smart et de ses nombreux sous-traitants. Une pluie d’or a accompagné la création de l’établissement qui a été inauguré en 1997 par le président français Chirac et le chancelier allemand Kohl promettant 2 500 emplois. Le site n’en a jamais compté plus de 1 500 avec des aides record de 243 000 francs par emploi créé (l’équivalent de 57 800 euros).

Le total des aides publiques pour Mercedes a été de plus de 167 millions d’euros.

Dès 1998, le patron de Mercedes convoquait les élus locaux à Stuttgart pour exiger une baisse de la taxe professionnelle… pourtant déjà très faible à Hambach, ville de moins de 3 000 habitants ! Les élus de droite, pourtant bien disposés, ont plaidé qu’ils ne pouvaient pas faire mieux et surtout qu’ils ne pouvaient pas la baisser uniquement pour Mercedes.

En 2015, c’est aux travailleurs que Smart a imposé des sacrifices sous prétexte d’éviter une délocalisation de la production en Slovénie : il fallait travailler 39 heures payées 37 heures. Cela représentait une économie de 6 % de la masse salariale pour Mercedes… et deux heures gratuites pour les salariés ! En échange, le groupe s’engageait à maintenir l’emploi jusqu’en 2020. Sauf qu’en 2019, le groupe décidait de transférer progressivement la production de la Smart en Chine.

Pour rassurer élus et salariés, la direction promettait de produire des voitures électriques Mercedes à Hambach. De nouveaux ateliers ont donc vu le jour – avec des aides à la transition énergétique n’en doutons pas. Mais patatrac, un an plus tard en 2020 le groupe annonçait sa décision de vendre l’usine – pour un montant inconnu – à un nouveau venu dans la construction automobile, le groupe pétrochimique Ineos. le projet est de fabriquer un gros 4x4 à moteur thermique, haut de 2m05, le Grenadier. Les chaînes prévues pour la Mercedes électrique devaient servir pour celui-ci.

Ineos a été créée par le milliardaire John Ratcliffe en 1998. Il a racheté au début du siècle 22 entreprises, délocalisé son siège en Suisse pour « optimisation fiscale », racheté des clubs de foot comme le FC Lausanne, l’OGC Nice et pris des parts dans le Manchester united.

Mercedes était content de disparaître des radars médiatiques à si bon compte en cédant le site Smartville alors que les emplois de toute la sous-traitance allaient étre supprimés fin avril 2024, soit 300 CDI et 200 intérimaires dans les entreprises du site telles Magna Uniport, Magna Châssis, Thyssen Krupp, SAS Automotiv et Faurecia.

Les bénéfices de Mercedes, eux, se portent à merveille, qui étaient de 13 milliards de francs en 1999, soit 3 milliards d’euros. Un quart de siècle plus tard, ils ont été multipliés par plus de quatre, à 13,7 milliards d’euros.

Partager