MA France – Aulnay-sous-Bois  : brutalité patronale08/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2910-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

MA France – Aulnay-sous-Bois 

brutalité patronale

Après trois semaines de grève totale et de nombreuses manœuvres, la direction de MA France, sous-traitant automobile de Stellantis à Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, a brutalement déposé son bilan lundi 6 mai auprès du tribunal de commerce en demandant la liquidation judiciaire de l’entreprise.

Cette usine existe depuis trente ans. Il sortait de ses ateliers des centaines de milliers de pièces de structures et de carrosseries automobiles par an. Certaines installations robotisées ont été installées et mises au point il n’y a même pas deux ans. Et elle serait en cessation de paiement ?

En réalité, MA France est étranglée par Stellantis, son principal fournisseur et client, et par le groupe CLN (emboutisseur historique de Fiat) qui possède aujourd’hui MA France. Dans leur course au profit, ces groupes ont décidé de transférer la production de MA France ailleurs et ont délibérément décidé de couler financièrement l’entreprise.

Lors de l’audience au tribunal, le juge a fait part à la direction de sa surprise qu’elle n’ait même pas mis en place un plan social pour les travailleurs. La direction a répondu qu’il n’y avait pas d’argent. C’était la confirmation aux yeux de tous les grévistes que les prétendus accords de reprise du travail proposés la semaine précédente n’étaient pas garantis. Jeudi 2 mai, le groupe CLN avait proposé une « somme forfaitaire, globale et définitive » de 12,6 millions d’euros pour 280 travailleurs. Une somme largement insuffisante pour assurer un avenir à chaque travailleur. Elle était accompagnée d’un ultimatum : il fallait signer immédiatement, sinon l’argent et l’accord devenaient caducs dans l’heure. Les grévistes réunis en assemblée générale ont refusé de subir ce énième chantage.

Du côté de Stellantis, la direction de l’usine de Poissy s’est lancée dans l’installation précipitée d’un îlot robotisé, dans le secteur du Ferrage, pour contourner la grève. Après deux semaines à l’arrêt, l’usine redémarre lentement. Dans les usines d’Hordain et de Luton outre-Manche, les chaînes n’ont pas encore redémarré, mais le patron s’organise pour contourner la grève de MA France à partir d’une usine d’emboutissage en Angleterre. Ce groupe mondial, riche à milliards, a préféré perdre des dizaines de millions d’euros par jour avec, en Europe, des milliers de travailleurs au chômage pendant plusieurs semaines plutôt que de verser un centime aux travailleurs de MA France.

Juste après l’audience au tribunal de commerce, les travailleurs présents sur le site ont pu voir les cadres dirigeants quitter l’entreprise en catimini, cartons sous le bras, après avoir coupé l’électricité ! Les travailleurs, eux, ont décidé de ne pas baisser les bras et de poursuivre toutes les actions possibles, à commencer par un rassemblement devant le tribunal de commerce de Bobigny lundi 13 mai à 13 h 15 pour dénoncer cette liquidation judiciaire. Ils ont toutes les raisons pour cela.

Partager