Mayotte : le choléra sévit, Darmanin traque les pauvres01/05/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/05/Mayotte.jpg.420x236_q85_box-0%2C34%2C664%2C408_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : le choléra sévit, Darmanin traque les pauvres

À Mayotte, les cas de choléra sont passés de 13 à 26 en trois jours. Des cas autochtones sont apparus à Koungou, une commune aux nombreux bidonvilles. L’apparition du choléra est une conséquence de la misère et du sous-développement.

Illustration - le choléra sévit, Darmanin traque les pauvres

On sait que les conditions de vie insalubres dans lesquelles sont plongées des dizaines de milliers de personnes favorisent la propagation de la maladie. Elles ne disposent pas de sanitaires et leur accès à l’eau se limite à une fontaine en bas de leur bidonville. Pour y accéder, il faut parfois faire trente minutes de marche. Cette eau courante n’est pas de bonne qualité, à tel point que tous ceux qui en ont les moyens ne boivent que de l’eau en bouteille. Mais c’est un luxe qui coûte cinq euros le pack de six bouteilles, inaccessible aux habitants des bidonvilles, sans même parler des migrants africains de Cavani qui ont été chassés de leurs abris de fortune par les militants des Forces Vives et la police. Ces réfugiés, qui fuient la guerre dans l’est du Congo ou la famine en Somalie, survivent désormais dans la rue, sur des cartons, avec un ruisseau pour seul accès à l’eau.

Dans ces conditions, les conseils de l’Agence régionale de Santé, « Lavez-vous régulièrement les mains » et « Buvez uniquement de l’eau potable » – seuls moyens pour échapper à l’épidémie – sont inapplicables et en deviennent révoltants.

Alors que le choléra se répand, l’État continue de concentrer ses moyens pour son opération « Place Nette », nouveau nom de l’opération Wuambushu lancée en mai 2023. La chasse aux pauvres prime sur la lutte contre le choléra, des quartiers sont détruits et les habitants sont laissés sans solution. La semaine du 22 avril, la police s’en est prise aux pêcheurs, accusés de travailler illégalement. Les contrôles se multiplient sur la route. Les taxis « Mabawa », c’est-à-dire non déclarés, seule source de revenus pour bien des réfugiés sans-papiers, sont harcelés. Leur taxi est confisqué, et ils doivent payer des centaines d’euros pour le récupérer. Les agents menacent d’arrêter les passagers. Et cela peut se finir immédiatement au centre de rétention, avec une expulsion dans la foulée.

Police, gendarmerie, douanes, PAF… tous travaillent main dans la main pour rendre la vie impossible aux travailleurs sans-papiers. Ceux qui triment sur les chantiers, dans les taxis, comme nounou ou encore au marché, tentent de se tenir au courant grâce à des groupes WhatsApp pour savoir quelle route éviter pour ne pas tomber entre leurs mains. Dimanche 28 avril, une jeune fille de 13 ans a été expulsée, sans ses parents.

L’État sait montrer les muscles pour s’en prendre aux pauvres, mais il se garde bien de contrôler Vinci, le groupe multimilliardaire, responsable de la mauvaise qualité de l’eau courante et des coupures qui continuent. Alors que plusieurs centaines de millions d’euros sont mis dans le « rideau de fer maritime », nouvel arsenal visant à empêcher les bateaux de réfugiés d’atteindre l’île, quasiment rien n’est fait pour construire des logements décents pour les travailleurs.

Des renforts de gendarmes et des agents de la PAF sont arrivés ces derniers jours sur l’île, mais l’hôpital, déjà en sous-effectif grave, devra faire face à l’épidémie de choléra sans personnel en plus. À Mayotte, l’État apparaît clairement, tel que Engels l’avait défini : « une bande d’hommes armés » qui maintient l’ordre au service de la classe dominante, en même temps que les conditions de misère de la population.

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