SNCF : les fins de carrière et l’intox patronale01/05/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/05/P14-1_Cheminots_contre_la_r%C3%A9forme_des_retraites_en_d%C3%A9cembre_2019_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C492_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : les fins de carrière et l’intox patronale

La presse et une brochette de responsables politiques ont fait mine de s’indigner du récent accord de fin de carrière signé à la SNCF entre la direction et l’ensemble des syndicats cheminots.

Illustration - les fins de carrière et l’intox patronale

Certains sont allés jusqu’à prétendre que le nouveau dispositif annulait les effets de la dernière réforme des retraites. Il n’en est rien et, vu les conditions demandées en termes d’ancienneté ou de métier, tous les cheminots n’y auront pas droit.

Cet accord est une nouvelle mouture de celui sur la cessation progressive d’activités en vigueur depuis 2008, saupoudré de quelques mesures salariales en fin de carrière. Moyennant une perte de salaire, il permettra au mieux d’avancer de quelques mois un départ en retraite qui, lui, a reculé de deux ans ! Au final, tout le monde travaillera plus longtemps qu’auparavant, pour une retraite toujours plus faible. Alors, la pilule est loin de passer.

L’objectif de la direction dans cette affaire était double. De plus en plus de cheminots, en roulements, en 3X8, ou simplement épuisés par le travail, ne peuvent plus assurer leur poste, mais ne peuvent prendre leur retraite en raison de l’âge légal qui ne cesse de reculer ou des décotes liées à l’allongement de la durée de cotisation. Elle a donc créé des dispositifs qui, moyennant des pertes de salaire moins brutales qu’auparavant, permettent soit de changer d’affectation, soit une cessation progressive d’activité, soit encore un temps partiel avec un salaire partiel. Il n’y a là rien d’original, puisque dans de nombreux secteurs, y compris la fonction publique, les patrons et l’État ont fait de même afin de faire supporter aux plus anciens travailleurs le recul de l’horizon de la retraite. Mais ce sont bien ceux-ci qui payent, dans leur chair et sur le bulletin de salaire, cette prolongation forcée.

D’autre part, il s’agissait pour la direction SNCF d’obtenir l’aval des syndicats. Elle a, de ce point de vue, fait carton plein.

En 2008 déjà, alors que la réforme Fillon-Sarkozy faisait reculer l’âge de départ en retraite et augmenter la durée de cotisation, la direction avait instauré cette cessation progressive d’activité avec la signature de plusieurs syndicats dont la CGT. D’autres, comme Sud-Rail, avaient dénoncé, à juste titre, la manœuvre. Cette fois, ils ont tous signé, Sud-Rail compris, et ont permis à la direction de la SNCF de se poser en chantre du dialogue social. Ils ont eu droit aux félicitations de Farandou, le PDG de la SNCF qui a vanté « le sens des responsabilités des partenaires sociaux qui ont su saisir le compromis ». Mais la responsabilité, ce serait au contraire d’organiser la riposte à la guerre de classe que mènent gouvernement et patronat.

On ne sait quelles promesses syndicales ont été faites concernant la levée éventuelle de préavis dans la période à venir. Mais une chose est sûre, l’accord n’engage que les signataires, pas les cheminots.

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